PARTI PRIS
LES DÉCOUPES AGRAPHIQUES DE GILBERT DURANTON s’expriment à travers des signes, des symboles, des graphs spontanés, des tracés automatiques. C’est une proposition de lecture, une écriture poétique, un langage plastique à lire.
Son acte graphique est intuitif créant une atmosphère où le graphisme cesse d’être esthétique en soit comme c’est le cas d’ordinaire pour devenir sensible et senti.
Une écriture loin de la calligraphie c’est-à-dire de l’écriture formée, dessinée, appuyée. Cette nouvelle façon de communiquer est mise en oeuvre non pas à travers des alphabets et syntaxes mais essentiellement à travers le geste formant une composition féconde.
Un geste impulsif où l’intuition a plus de place que la raison mais où la raison trouve sa place. Ainsi une certaine magie s’opère dans cet aménagement de formes qui résonne et qui vibre.
Le dessin terminé, deux actes nouveaux vont tout amplifier : le changement d’échelle et la découpe. Le graphisme est produit à l’échelle d’une page d’écriture. Agrandit un peu ou beaucoup, le dessin fait apparaître la fragilité du trait, prend une autre couleur.
Cet acte abouti, la découpe commence. Pendant de longues heures, avec un scalpel, les lignes, les traces, le dessin deviennent des objets, des surfaces.
La découpe libère les signes, les symboles, les graphs et gribouillis.
Ce travail de découpe (hand cut paper) renforce l’énergie des traces et du graphisme.
Ainsi les pleins et les vides laissent la lumière passer et un jeu d’ombres apparaît après une mise en relief directement sur le mur ou sur la toile.
Ce dessin, devenu objet, élargit le champ du spectateur lui offrant des poèmes plastiques dans l’espace où s’établit un dialogue laissant chacun libre de sa propre interprétation, propice à toutes les imaginations.
Bertrand Goultin